C’est une réunion qui aurait dû sceller le sort du président Jacob Zuma. La direction de son parti, l’ANC, s’est réunie toute la journée de lundi à huis clos dans un hôtel à l’extérieur de Pretoria pour discuter d’un départ anticipé du chef de l’Etat. Mais à l’issue de la réunion, aucune annonce n’a été faite. Depuis une semaine, la pression s’est accentuée pour que le président Zuma, embourbé dans les scandales, démissionne le plus rapidement possible.
Huit heures de réunion et aucune annonce. La veille, le président de l’ANC, Cyril Ramaphosa, semblait pourtant confiant qu’une décision serait prise. Soit Zuma partait, soit il était rappelé.
Mais visiblement, le chef de l’Etat s’accroche et l’ANC est toujours divisé. Selon plusieurs analystes, les négociations bloquent sur la question de l’immunité du président Zuma, ainsi que sur la prise en charge de frais de justice.
En fin de journée, un média sud-africain allait jusqu’à dire que le président Zuma aurait demandé un délai de 3 mois, le temps de mettre ses affaires en ordre, puis il partirait.
En tout cas, plus l’affaire traîne, plus Cyril Ramaphosa est fragilisé à la tête du mouvement.
Lundi soir, Cyril Ramaphosa s’est rendu à la résidence de Jacob Zuma, avant de regagner l’hôtel qui abrite la réunion du comité exécutif de l’ANC, dans les environs de Pretoria.
■ Reportage : L’incrédulité des Sud-Africains
Les Sud-Africains sont habitués aux atermoiements au sein de l’ANC et surtout à la résilience du président de la République. Jacob Zuma a toujours su s’accrocher au pouvoir jusqu’à maintenant.
Devant un supermarché du quartier de Melville, la vie suit son cours. Le magasin est plein, tout comme le tabac et le restaurant voisin. Graham est venu faire ses courses, comme d’habitude malgré l’imminence du départ de Jacob Zuma : « Il va y avoir un changement, c’est certain. Juste on ne sait pas quand cela va arriver, ce soir, demain ou la semaine prochaine ou dans plusieurs mois. Donc, oui je viens faire mes courses. »
Très souvent, Jacob Zuma est annoncé comme partant depuis plusieurs semaines et plusieurs mois. Phillip se lasse de ces éternelles négociations avec l’ANC. « Nous attendons, dit-il. Et peut-être que ça va prendre un an ! Donc je ne suis pas du tout excité. »
La fin de Zuma ne fait plus de doute pour Bongani, un jeune livreur de 26 ans, qui ne regrettera pas son départ : « Il a été un mauvais président pour le pays. Il a été élu car on pensait qu’il serait capable d’unifier le pays. Mais il a fait tout l’inverse. Et la corruption n’a fait qu’augmenter. »
Car oui, les Sud-Africains retiendront avant tout du président Zuma les nombreux scandales de corruption dans lesquels il a été cité de près ou de loin.