Une proposition de loi déposée par un député de la majorité vise à écarter les Congolais de la diaspora des élections prévues en décembre prochain. Elle doit être examinée en plénière dans le courant de la semaine prochaine.
Interdits de vote en 2006 et en 2011, les Congolais vivant à l’étranger risquent fort d’être une nouvelle fois privés d’élections en décembre prochain. Une proposition de loi en ce sens a été déposée par le député de la majorité Henri-Thomas Lokondo. Si elle est votée, celle-ci modifiera la loi électorale de janvier 2015, qui ouvrait pour la première fois le droit de vote – mais uniquement pour l’élection présidentielle – aux Congolais de la diaspora.
« Pour des raisons à la fois techniques, financières et administratives, il était impossible à la Ceni de remplir cette mission en temps et en heure, explique à Jeune Afrique Henri-Thomas Lokondo. Sans parler des problèmes liés à la double-nationalité de certains Congolais… On risquait un glissement du scrutin, et il fallait prendre ses dispositions pour agir de manière responsable. »
« Sept millions d’électeurs écartés »
D’après Henri-Thomas Lokondo, la décision a été prise dès le mois d’avril, à l’issue d’une rencontre entre le député, le président de l’Assemblée nationale, et le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). « Les yeux dans les yeux, j’ai demandé à Corneille Nangaa [le président de la Ceni, ndlr] si ses équipes pouvaient identifier et enrôler les Congolais vivant à l’étranger, explique le parlementaire. Et il a reconnu que c’était compliqué. »
« On ne peut pas accepter cela, estime pour sa part Martin Fayulu, leader de la Dynamique de l’opposition et candidat investi à l’élection présidentielle. Même l’OIF admet qu’on ne peut changer la loi électorale dans le courant de l’année précédant le scrutin. Cette modification revient à écarter près de sept millions d’électeurs, qui sont en règle avec des passeports congolais. La Ceni avait pourtant 1 600 kits en stock pour assurer leur enrôlement. Pourquoi ne les ont-ils pas envoyés avant dans les ambassades ? »
D’après le calendrier publié par la Ceni, l’enrôlement des Congolais de l’étranger devait débuter le 1er juillet.