Credit de RFI
La tension monte au Venezuela où des opposants sont descendus dans les rues vendredi après la suspension des pouvoirs de l’Assemblée nationale, une mesure qui inquiète la communauté internationale dont la pression s’accentue sur le gouvernement de Nicolas Maduro.
C’est par un communiqué du ministère des Affaires étrangères que le gouvernement vénézuélien a vigoureusement rejeté l’avalanche de critiques internationales. « Il est faux de dire qu’un coup d’Etat a eu lieu au Venezuela » assure le communiqué qui attribue les réactions à « la droite intolérante et pro-impérialiste dirigée par le Département d’Etat et les centres de pouvoirs américains ».
Le gouvernement vénézuélien défend par ailleurs la décision de la Cour suprême de s’attribuer les pouvoirs du Parlement. Il s’agissait de « mettre un terme à l’attitude putschiste des parlementaires de l’opposition », selon le ministère des Affaires étrangères. Le président Nicolas Maduro a nié qu’il y ait une « rupture de l’ordre constitutionnel », estimant lors d’une réunion que « la Constitution, les droits civils et politiques, les droits de l’Homme et le pouvoir populaire sont pleinement en vigueur ».
Toutefois, cette vision ne semble pas faire l’unanimité au sein du camp chaviste au pouvoir puisque la responsable du parquet vénézuélien a déploré des « violations de l’ordre constitutionnel ». Cette haute responsable, Luisa Ortega, était pourtant jusqu’à présent considérée comme très proche du gouvernement. « Il est de mon devoir face au pays de manifester ma grande inquiétude » a-t-elle lancé en brandissant la Constitution, lors d’une allocution retransmise en direct par la télévision d’Etat.
Réunion d’urgence de l’OEA prévue
Le Conseil permanent de l’Organisation des Etats américains (OEA) devrait se réunir d’urgence lundi ou mardi, selon des sources diplomatiques, pour se pencher sur la crise politique au Venezuela. Henrique Capriles, le leader de l’opposition, a d’ores et déjà lancé un appel aux membres de l’OEA. Il dénonce un coup d’Etat dans son pays, et la rupture de l’ordre constitutionnel.
« Il y a eu un coup d’Etat dans mon pays. Nous demandons la restauration de l’ordre constitutionnel. Que l’Assemblée nationale, qui a été fermée, et dont l’ensemble des pouvoirs a été confisqué, puisse voir restauré l’ordre constitutionnel. Dans le même temps, que demandons-nous à l’OEA, à l’Unasur, au Mercosur, aux Nations unies ? Nous voulons organiser des élections… Il faut que des élections régionales se tiennent d’ici décembre. Le référendum aurait dû se tenir l’an passé et ils nous l’ont volé ! Les élections municipales n’ont pas été organisées, l’élection présidentielle n’a pas été organisée. Cela ne se produit dans aucun de vos pays… »
Un coup d’Etat, c’est également ainsi que Julio Borges, le président de l’Assemblée nationale, résume la situation. « Depuis les premières heures du jour vendredi matin, nous avons reçu des appels de chefs d’Etats et de la diplomatie, de présidents de Parlement, de mouvements politiques, d’ONG, pour nous témoigner leur solidarité face au coup d’Etat qui se joue. Le monde reconnaît le geste de la procureure en chef Luisa Ortega Diaz, d’accorder sa valeur suprême à la Constitution. Il reconnaît aussi l’ensemble des institutions de notre pays, les forces armées, le défenseur du peuple, le président de la Cour des comptes, les magistrats et tous les Vénézuéliens qui occupent un poste de responsabilité. Nous les appelons d’une seule voix : le moment est venu d’obéir aux lois de la conscience. Le moment est venu de mettre au-dessus de tout notre Constitution et les valeurs démocratiques du Venezuela. »