À l’issue de sa première vraie tournée musicale depuis le début de la pandémie de Covid-19 et tout juste rentré à Kigali, où il réside avec sa famille, le rappeur franco-rwandais, dont les racines burundaises, rwandaises et françaises s’entremêlent, revient pour Jeune Afrique sur la crise entre le Rwanda et la RDC, ainsi que sur la récente tournée africaine d’Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, qui s’est notamment rendu en RDC et au Rwanda.

Gaël Faye : Ces tensions me bouleversent. La situation est floue. Je perçois à nouveau de l’incompréhension, exacerbée par les réseaux sociaux. Cette amplification de la xénophobie envers les rwandophones qui vivent au Congo, je ne la ressentais plus. Elle me fait fait peur et m’attriste énormément.

Dans la région, nous nous sommes tous disséminés dans les pays alentour : au Congo, au Burundi, au Rwanda, en Ouganda… Nous nous sentons appartenir collectivement à cette région. J’ai donc la désagréable impression que nous faisons une terrible marche arrière quand je vois ces haines resurgir pour des raisons politiques qui échappent, souvent, au citoyen lambda. Il lui est en effet très difficile de savoir ce qu’il se passe au Kivu du fait de cette difficulté à communiquer, désormais, entre Rwandais et Congolais.

Tout a commencé quand le M23 s’est réinvité dans le conflit. La RDC a alors accusé le Rwanda d’être derrière cette offensive – ce qui n’est pas nouveau. Je pensais qu’avec l’arrivée de Félix Tshisekedi au pouvoir, nous disposerions de nouveau d’instruments diplomatiques pour résoudre ce genre de crise et, surtout, pour calmer l’opinion des deux côtés de la frontière. On assiste à tout le contraire, sans pouvoir dire d’où cela vient et pourquoi.

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