
Le procès de Charles Onana est un sujet qui suscite une vive indignation et une profonde colère. Selon le docteur Denis Mukwege, ce procès est une honte pour la France, un pays pourtant souvent présenté comme le défenseur des droits de l’homme.
Peu importe le verdict, cette affaire risque de laisser une marque indélébile dans les archives judiciaires françaises, entachée par ce que beaucoup considèrent comme une injustice. Le 7 octobre, Charles Onana, écrivain franco-camerounais, a comparu devant le tribunal judiciaire de Paris, accusé de négationnisme du génocide rwandais. Mukwege, prix Nobel de la paix, critique vivement ces poursuites contre un homme qui a documenté et dénoncé les crimes commis en République Démocratique du Congo, crimes en partie répertoriés dans le rapport Mapping des Nations Unies.
Le docteur Mukwege, directeur de l’hôpital de Panzi, se dit révolté par le fait que Charles Onana soit poursuivi alors que les responsables des crimes odieux commis en RDC jouissent d’une impunité totale et sont accueillis avec les honneurs lorsqu’ils se rendent à Paris.
« Poursuivre un homme qui documente et dénonce les atrocités commises en RDC, durant le conflit le plus meurtrier depuis la Seconde Guerre mondiale, alors que les auteurs de ces crimes sont reçus avec tapis rouge à Paris, est une honte pour la France, souvent présentée comme le pays des droits de l’homme », s’insurge Mukwege.
Le candidat à l’élection présidentielle de 2023, Mukwege, craint en outre que ce procès, qu’il considère comme politisé, ne vienne s’ajouter à la longue liste des injustices subies par le peuple congolais. Il réaffirme cependant son soutien indéfectible à Charles Onana : « Nous exprimons notre solidarité à Charles Onana. La vérité finit toujours par triompher. Le peuple congolais, qui résiste et survit à la barbarie des Grands Lacs, est à vos côtés », déclare-t-il avec force.
Lors de la première audience, Charles Onana a rappelé qu’il n’a jamais nié le génocide rwandais, mais a insisté sur le fait que des Hutu et Twa, en plus des Tutsi, avaient également été victimes. Il rejette catégoriquement les accusations de négationnisme, affirmant que ses recherches, méticuleuses et approfondies, sont d’ordre purement scientifique. Son livre « Rwanda : la vérité sur l’opération Turquoise » (Éditions l’Artilleur, 2019), est basé sur des sources militaires et des archives de la CIA, de l’armée belge, et des services de renseignement français, ce qui, selon lui, prouve l’impartialité de son travail.
Onana, auteur d’une thèse scientifique soutenue à l’université Lyon III, en 2017, avec les félicitations du jury, estime que ses enquêtes ne sont guidées par aucune allégeance à un État ou à une communauté particulière.