
Nous Félicitations à Prince EPENGE — et approfondissement des critiques adressées au régime.
Nathalie Rolley, correspondante Internationale cnt live
Je tiens d’abord à **féliciter Prince EPENGE pour la clarté et le courage de sa prise de parole :
Laisser pourrir la situation sécuritaire et politique de notre pays en reportant indéfiniment l’initiative du dialogue national — pourtant tant attendue par le peuple — dans le seul but d’obtenir un glissement du calendrier pour se maintenir au pouvoir, relève à la fois de la haute sorcellerie et de la haute trahison. Il est évident que l’UDPS conduit la nation droit vers sa perte. Indignez‑vous ! Je refuse qu’on m’impose un visa pour me rendre à Goma, simplement à cause de l’ivresse du pouvoir qui caractérise aujourd’hui l’UDPS. »
Votre dénonciation, Prince, met en lumière une colère légitime et rappelle l’urgence d’un sursaut citoyen.
Pour aller plus loin que la seule indignation, il faut analyser les failles structurelles qui expliquent pourquoi la gouvernance actuelle suscite une telle défiance — et proposer des remèdes concrets.
1. Affaiblissement de l’État de droit
Les nominations politisées, l’impression d’instrumentalisation de la justice et l’absence de protection effective des lanceurs d’alerte affaiblissent la confiance. Sans institutions indépendantes, la démocratie est vidée de sa substance.
2. Échec partiel de la réponse sécuritaire
L’insécurité persistante, particulièrement à l’est, révèle des lacunes dans le renseignement, la chaîne de commandement et la stratégie globale (sécurité + développement local + réintégration). Les opérations ponctuelles sans vision long terme ne suffisent plus.
3. Corruption et gestion opaque des ressources
Les pratiques de favoritisme et d’opacité dans les marchés publics détournent les ressources indispensables à la santé, à l’éducation et aux infrastructures. Cela nourrit la colère sociale et affaiblit l’État.
4. Clientélisme et affaiblissement de la compétence administrative
Lorsque postes et marchés sont distribués selon la loyauté plutôt que le mérite, l’efficacité de l’administration s’effondre et les services publics s’enlisent.
5. Dialogue politique insuffisant
Reporter ou vider le dialogue national de sa substance alimente la polarisation. Sans un dialogue véritablement inclusif (opposition, société civile, autorités locales), les solutions manquent de légitimité.
6. Communication et vision économique absentes ou contradictoires
L’absence d’une feuille de route crédible pour l’emploi et la relance économique décourage investisseurs et citoyens. Les politiques ad hoc n’installent pas la confiance.
7. Redevabilité insuffisante
La rareté des audits transparents et des sanctions effectives renforce l’impunité et l’impression d’un État à deux vitesses.
Conséquences
Ces déficiences creusent la frustration populaire, favorisent la polarisation et affaiblissent la République. Elles expliquent en grande partie la radicalité des propos de ceux qui, comme Prince EPENGE, appellent à l’indignation.
Pistes constructives pour accompagner l’indignation d’actions concrètes
Relancer immédiatement un dialogue national encadré par des garants indépendants (société civile, acteurs régionaux ou observateurs neutres) avec un calendrier et des engagements publics.
Garantir l’indépendance de la justice (procédures transparentes pour les nominations, protection réelle des magistrats).
Lancer des audits publics des contrats et dépenses majeures, publier les résultats et appliquer des sanctions ciblées.
Réformer la gestion des ressources humaines dans l’administration : recrutement au mérite, formation et évaluation objective.
Mettre en œuvre une stratégie de sécurité** intégrée (armée, police, justice, DD/RR, développement local) avec financement pluriannuel.
Présenter une feuille de route économique crédible, claire sur la création d’emplois et la transparence des contrats miniers et d’infrastructures.
Promouvoir des mécanismes de participation citoyenne et protéger les libertés d’expression et de réunion pour canaliser la colère dans des voies démocratiques.
Conclusion
Indignation et dénonciation sont nécessaires — et légitimes. Mais pour transformer la colère en changement durable, il faut immédiatement conjuguer la critique à des propositions précises et à des actions mesurables. Je salue donc l’intervention de Prince EPENGE : qu’elle serve de catalyseur pour un vrai mouvement citoyen de responsabilisation, de transparence et de reconstruction institutionnelle.
Nathalie Rolley, correspondante Internationale cnt live Abonnez-vous massivement et partagez, Merci à vous papa Inno.