Pressions régionales et internationales, demande de report de la réunion en Angola, manoeuvres législatives, malaise palpable dans la majorité présidentielle, une question est sur toutes les lèvres : que va faire Joseph Kabila, président hors mandat d’une République démocratique du Congo qui doit se préparer à passer aux urnes le 23 décembre prochain ?

Dans cette perspective, une réunion a eu lieu le jeudi 31 mai à Kinshasa. A quelques heures de son départ pour Lubumbashi, Joseph Kabila a réuni ses fidèles pour les interroger sur la stratégie à suivre en vue du 23 décembre.

Autour de la table, le premier cercle de ses « conseillers » : Kalev, le patron de l’ANR, les généraux Etumba et Olenga, mais aussi Boshab, Lumanu, Minaku, Ekanga, Néhémie et Mova.

En cette fin de mois de mai, les pays de la région, Rwanda et Angola en tête, ont débuté une tournée internationale qui inquiète la Kabilie. D’autres voisins, comme l’Ouganda, ne cachent plus leur lassitude face au pouvoir congolais « incapable de gérer le pays et qui, s’il s’accroche à la tête de l’Etat, va créer les conditions d’une instabilité permanente qui risque de gagner nos pays et de mettre à feu toute la sous-région », comme nous l’expliquait récemment un homme politique du Congo-Brazzaville. Les propos du président français Emmanuel Macron sur un « soutien au plan régional », ont encore avivé l’incendie et la « tournée américaine » du duo Katumbi-Tshisekedi a définitivement mis le feu dans les rangs présidentiels.

Dans la salle de réunion aussi, les visages sont graves, comme nous l’explique un participant.
« Le moment est sérieux. Vous avez suivi ce qui se passe. Je vous demande de réfléchir sur ce que nous devons faire pour conserver le pouvoir et je vous garantis que je vais être attentif ce que vous me direz », lance le président. Un second témoin dit, lui, que le président ce serat engagé à « suivre » ce qui allait sortir de cette réunion. Bien plus qu’une divergence sémantique. Mais les deux hommes sont par contre d’accord sur la suite de cette réunion.

A peine ces mots prononcés, Kabila quitte la pièce et laisse ses hommes seuls.

C’est Aubin Minaku, le président de l’Assemblée nationale, qui est le premier à prendre la parole. « L’heure est grave. Il ne faut pas prendre ce qui se passe à la légère. Il faut être sérieux dans ce qu’on va faire. Les Occidentaux ne peuvent pas faire pression comme ils le font s’il n’y a pas de plan ».

Henri Mova, le ministre de l’Intérieur, interrompt Minaku qui, avant de laisser la parole à l’ancien ambssadeur de la RDC en Belgique, lâche six mots qui sèment quelques secondes de silence : « Le chef doit prendre un dauphin ».

Mova se lâche. Il refuse cette proposition. « On a un plan. Le chef doit se représenter. On ne peut pas changer un plan avant de le mener jusqu’u bout. Si ce plan ne fonctionne pas, on en changera. Mais en attendant, on continue et on va au bout avec le président comme candidat ».

Kalev prend alors la parole : « je suis d’accord avec Aubin, Au-delà du chef, je pense à sa famille, je pense à ses enfants. Il a le droit de protéger toutes ces personnes. On doit les protéger. Continuer coûte que coûte sur notre lancée, ce serait suicidaire. Il faut un dauphin mais il faut les garanties qu’on va gagner les élections ».

Tous sont d’accord avec ce plan. Tous, sauf Mova qui n’en démord pas. Kabila est le seul et unique candidat.

Le chef d’Etat-Major, le général Etumba a marqué son accord pour garantir la sécurité du chef et pour appuyer son dauphin. « Pas de bras de fer inutile », lance le général en parlant des pays voisins.

La synthèse de cette réunion est désormais sur la table du président dans son bureau de Kinshasa. Peut-il suivre l’avis de la majorité. « Impossible de répondre », explique nos interlocuteurs qui s’interrogent : « Mova parle-t-il en son non ou est-il juste le porte-voix de Kabila ? Si c’est le cas, cette réunion n’aura pas de suite et nous pourrions tous passer pour des ennemis du régime, nous qui avons voulu privilégier la paix et la sécurité. S’entêter ne servirait à rien. Les décisions sont prises chez nos voisins mais aussi au niveau de la communauté internationale. Mieux vaut anticiper et sauver ce qui peut l’être« .

Des mots et une réunion qui sèment le doute et posent bien des questions sur l’avenir de Joseph Kabila et de la RDC.

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